Le mot pédagogie

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Florent Tremblay
Collège des Forces canadiennes - Détachement Saint-Jean
Centre du perfectionnement professionnel des militaires du rang

La civilisation grecque nous a donné ce concept qui nous vient de deux mots : peida- : enfants et gogia : direction ; soit, la direction à donner à l'enfant, à l'élève ou « l'art d'éduquer. » Et ce mot, éduquer, créé trois cents ans plus tard, nous vient de deux racines latines : « e », hors de, et ducere : conduire ; soit, conduire vers l'extérieur ou, amener l'apprenant à grandir.

Le dernier jour du mois de janvier dernier, l'Association de l'enseignement libre de France (ce qu'ici, au Québec, nous appelons les écoles privées), célébrait assez modestement, il faut le dire, le souvenir d'un grand pédagogue piémontais du 19e siècle qui a révolutionné la présence de l'enseignant en salle de classe, j'ai nommé Jean Bosco. Ce maître de la nouvelle pédagogie et bâtisseur d'écoles à partir de 1854, mit toutes ses énergies à insuffler parmi les enseignants de son temps une nouvelle approche scolaire, celle de s'occuper particulièrement des élèves en difficulté et de les faire réussir, en mettant même sur pied pour eux des cours du soir, des activités de 'tutorat' individuel afin de les amener à trouver place dans la société de leur temps.

Avec le professeur Philippe Meirieu, de l'Université de Lyon, je suis tenté de répéter que « la pédagogie n'est pas une théorie platonicienne selon laquelle tous les moyens sont bons pour obtenir l'adhésion de l'apprenant. » Non, au contraire ! « Il existe une doctrine pédagogique qui se présente comme un ensemble de réflexions rigoureuses sur l'éducation, sur l'enseignement et le succès scolaire » (Congrès sur la pédagogie, Université de Toulouse, 2008). « Rappelons, disait le professeur Meirieu, que la pédagogie n'a rien à voir avec la posture organisationnelle, ou la décision de l'enseignant, qui a trop souvent pour but d'effrayer ceux devant qui elle s'impose. »

Il faut lire ce qu'écrivait cet universitaire de carrière dans le tableau historique qu'il a brossé de ce qu'est l'éducation et comment il faut essayer de récupérer les jeunes en difficulté scolaire (in Faut-il en finir avec la pédagogie? Université de Toulouse, 2009) où il écrit en conclusion : « la pédagogie s'indigne contre la société actuelle, industrielle ; la pédagogie est une forme bien modeste de l'estime de son métier de formateur, de l'amour pour ses semblables. »

Et j'ajoute ceci : Dans le dernier quart de siècle, l'agriculture a fait d'immenses progrès. De nos jours, on peut gaver les animaux en programmant leurs rations sur ordinateurs ; on ne peut pas appliquer la recette à nos étudiants / étudiantes. Notre système d'éducation a transformé nos professeurs en spécialistes qui n'ont qu'une seule idée en tête : pas nécessairement le succès de leurs élèves mais faire passer leur spécialité à eux.

Enfin, ne croyez-vous pas que, quarante ans après le Rapport Parent, la relation 'maître-élève' se soit grandement détériorée ? Nous sommes maintenant à l'ère de l'école cafétéria. Le « prof » est devenu un expert en une matière qu'il répète deux ou trois fois à autant de groupes différents qu'il ne connaît pas. Si l'instruction peut y trouver son compte, il n'est pas sûr que l'éducation y trouve le sien. Nos jeunes élèves qui sortent du secondaire arrivent au niveau pré-universitaire pour apprendre ce qu'est la liberté d'apprendre. Dans leur première formation collégiale, à leur arrivée au Collège militaire royal de Saint-Jean, ils ont besoin d'être reconnus, besoin d'être encouragés dans leurs activités, besoin de se sentir appréciés quand ils réussissent et, quand ils ne réussissent pas, ils ont besoin de se sentir aidés pour réussir... C'est ça, l'éducation.

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