Atelier sur l’éthique et l’intégrité dans la profession des armes

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Collège militaire royal de Saint-Jean
Direction de l’instruction et de la coopération militaire (DICM)
Tbilissi, Géorgie – 5 au 18 octobre 2015

Danic Parenteau, Ian Parenteau et Marc Imbeault

Au début d’octobre 2015, une délégation de trois professeurs du Collège militaire royal de Saint-Jean s’est rendue en Géorgie afin d’offrir deux formations sur le thème de l’éthique militaire et l’intégrité dans la profession des armes. La première formation, sous la forme d’un séminaire, s’est tenue à Tbilissi, la capitale du pays, du 5 au 18 octobre 2015. Le groupe de participants à ce séminaire était composé d’une quarantaine d’officiers et de civils, dont des fonctionnaires de différents ministères, en particulier de la défense. Ils provenaient surtout de la Géorgie, mais aussi de la Macédoine, de l’Ukraine et de la Bosnie-Herzégovine. La majorité des officiers possédaient déjà une bonne expérience militaire, certains d’entre-eux ayant eu l’occasion de se déployer à l’étranger dans le cadre de missions internationales ou de prendre part à des opérations militaires d’envergure dans leur pays. Tous les participants civils et la plupart des militaires détenaient déjà un diplôme universitaire.

La formation a été donnée en anglais par le professeur Marc Imbeault, doyen à l’enseignement et à la recherche, le professeur Danic Parenteau, professeur agrégé de philosophie et de science politique, et le professeur Ian Parenteau, professeur adjoint en science politique. Le samedi 10 octobre a été consacré à une visite culturelle au monastère d’Alaverdi, site religieux datant du VIe siècle d’une grande importance historique et d’un vignoble dans la vallée de Kakhétie.

La seconde formation portant sur le même thème a eu lieu le 18 octobre 2015 à l’Académie de la défense nationale de Géorgie Davit Aghmashenebeli, située à Gori (à environ 70 km de Tbilissi). Les participants étaient des élèves-officiers géorgiens, au nombre de plus de 200. Cette formation a été donnée par le professeur Marc Imbeault sous forme de conférence et de débat avec les élèves-officiers. Cette activité a été suivie d’une rencontre avec le commandant, le Lieutenant-colonel Kopeikini, et son état-major.


Tbilissi, capitale de la Géorgie

Les objectifs généraux du séminaire

  • Sensibiliser les participants à l’importance de l’action éthique dans des contextes opérationnels et institutionnels, notamment autour des principes :
    • du respect de la dignité humaine
    • du service à l’État
    • de l’obéissance à l’autorité légale
    • et de l’intégrité contre la corruption
  • Fournir aux participants des connaissances approfondies liées à la philosophie morale et à la profession des armes.
  • Favoriser les relations entre le Canada et les pays participants, de même qu’entre les pays participants.

Le format de séminaire

La formation était organisée autour de différents types d’activités d’apprentissage.

Les cinq premiers jours de la formation ont été consacrés à des formations magistrales en matinée. Ces séances étaient menées ou bien en séance plénière ou en petits groupes. Parmi les sujets abordés, il y avait :

  • Les concepts de base en éthique
  • Les trois écoles classiques de philosophie morale (éthique des vertus, approche déontologique et utilitarisme)
  • La tradition de la guerre juste
  • Leadership et commandement
  • La légitimité de l’usage de la force
  • La société civile et les forces armées


Le professeur Marc Imbeault en classe

Études de cas

Les 6e et 7e jours de la formation ont été consacrés à l’analyse de cas de dilemmes éthiques militaires contemporains. La plupart de ces cas étaient tirés du manuel publié par l’Académie canadienne de la défense, L’éthique dans les Forces canadiennes. Des choix difficiles (2006). Ces discussions ont été très stimulantes et ont permis aux participants de mettre en pratique leur apprentissage en échangeant avec leurs collègues sur des scénarios complexes inspirés d’expériences vécues. Ils ont également pu mettre de l’avant des situations qu’ils ont pu eux-mêmes vivre dans leur carrière.

Le programme des après-midi était organisé autour de deux activités :

  • des lectures de textes en lien avec la matière présentée
  • de visionnements de films ou de documentaires

Les lectures

Au début de la formation, tous les étudiants ont reçu une clef USB contenant tout le matériel pédagogique pour le cours, dont une dizaine d’articles et documents liés au thème général de l’éthique militaire, de même qu’une copie sous format diaporama des présentatiques (Powerpoint) servant aux séances magistrales. Les participants ont pu parcourir ces articles afin de consolider leurs connaissances sur le thème de l’éthique. Au surplus, ces textes pourront également leur servir à leur retour au pays pour concevoir des formations pour leurs propres troupes.


Le professeur Danic Parenteau en classe

Les films

Les films et les documentaires suivants ont fait l’objet d’un visionnement en après-midi :

  • La Bataille d’Alge (Gillo Pontecorvo, 1966)
  • The Gatekeepers (Dror Moreh, 2012)
  • Paths of Glory (Stanley Kubrick, 1957)
  • Casualties of War (Brian de Palma, 1989)
  • My Lai (Barack Goodman, 2010) et
  • Crimson Tide (Tony Scott, 1995)

Ces films ou documentaires ont été suivis de discussions en groupe et ont permis d’illustrer certains concepts vus en classe dans les séances magistrales. Ces discussions ont également été l’occasion pour certains participants de faire part de leurs expériences militaires dans des situations similaires.

L’examen final

Lors de la dernière journée de cet atelier, les participants ont rédigé un examen final sommatif composé d’une vingtaine de questions à choix multiples. L’examen était à livre ouvert. Tous les étudiants ont obtenu la note de passage fixée à 50 %. Certains étudiants ont éprouvé plus de difficultés et ils ont été rencontrés de manière individuelle afin de faire une rétroaction sur l’examen et la matière enseignée.

Observations et leçons apprises

Dans l’ensemble, l’atelier a été fructueux, et les participants ont apprécié le programme en général ainsi que l’approche pédagogique des professeurs. Ils ont bien compris l’importance d’une telle formation dans leur carrière. Les participants ont été invités à remplir un questionnaire d’évaluation de la formation à la fin de l’atelier, et ce qui en ressort est très positif. L’intérêt de cette formation tient aussi à une observation simple : rares sont les cas où les participants se sont absentés.

Comme la formation était offerte en anglais et que cette langue n’était pas la langue maternelle d’aucun des participants – elle était parfois même une troisième langue –, certains participants ont par moment éprouvé un peu de difficultés à bien saisir les nuances du vocabulaire philosophique en particulier. Nous avons pu facilement surmonter cet obstacle en sollicitant l’aide de leurs collègues avec lesquels ils partageaient une langue commune, le géorgien par exemple. Les professeurs ont aussi volontairement fait le choix de rendre plus accessibles les explications afin de veiller à ce que, de manière pédagogique, la formation soit bien comprise par tous.

La formation a aussi été l’occasion d’échanges informels sur une panoplie de sujets non directement liés au thème de la formation comme la situation géopolitique actuelle du Caucase ou encore les tensions toujours très vives dans l’Est de l’Ukraine. Les professeurs canadiens ont aussi profité de cette formation pour parler du Canada et des enjeux auxquels il est confronté et de certaines réalités, notamment culturelles, qui lui sont propres. Ces échanges ont certainement contribué à enrichir la formation.


Le professeur Ian Parenteau en classe

Conclusion

Ces deux formations ont permis des échanges enrichissants entre les participants et les professeurs durant une période d’une dizaine de jours dans le cas du séminaire. Elles ont permis de mieux comprendre certaines crises auxquelles étaient confrontés les pays d’où étaient originaires les participants, et malgré que celles-ci puissent pour l’instant ne pas concerner directement le Canada, il n’est pas dit qu’un jour la situation ne commande d’y envoyer des militaires ou des diplomates canadiens. Dans cette perspective, les objectifs pédagogiques du séminaire et de l’atelier ont largement dépassé le seul cadre d’enseignement formel. En d’autres termes, cette formation s’inscrit d’abord et avant tout dans une perspective plus vaste de développement de la diplomatie de la défense du Canada.


Les étudiants lors de l’examen final avec le professeur Ian Parenteau


Un groupe d’étudiants avec les professeurs Danic Parenteau et Ian Parenteau


Une étudiante reçoit son certificat


Une étudiante reçoit son certificat


Un groupe d’étudiants lors de la remise des certificats

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