Le Canada au 29e championnat militaire d’échecs de l’OTAN

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Par Marc Imbeault
Collège militaire royal de Saint-Jean

La 29e édition du championnat militaire d’échecs de l’OTAN a eu lieu au mois de juin 2018 dans la ville de Lubbock au Texas. C’était la première fois que le championnat avait lieu aux États-Unis et l’organisation en était assurée par le Programme d’échecs de l’université Texas Tech (TTU Chess). Ce programme fait partie intégrante de la Division de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (Division of Diversity, Equity & InclusionNote de bas de page 1), dont la mission est de contribuer par ses programmes à la réussite des étudiants en les préparant à devenir des leaders éthiques œuvrant dans un contexte professionnel diversifié et concurrentiel à l’échelle mondiale. Cette façon d’intégrer le programme d’échecs à une division vouée à la diversité, l’équité et l’inclusion est judicieuse. Les membres de toutes origines de l’Université Texas Tech peuvent ainsi se retrouver sur un terrain commun et développer ensemble leurs capacités d’analyse et de raisonnement logique.

Le Polonais Matej Kersic affronte le Canadien François Simard

Depuis la première édition du championnat à Hammelburg en Allemagne, 23 nations ont participé au championnat. La signification de cette rencontre internationale dépasse la fierté nationale et, comme le souligne le président du Comité militaire international des échecs, le colonel polonais Tomasz Malinowski, dans une entrevue au Lubbock Avalanche-JournalNote de bas de page 2, elle « ne concerne pas seulement des équipes et des joueurs, mais plus important encore, la reconnaissance mutuelle. » Selon lui, quand les troupes de l’alliance combattent ensemble, il importe que les soldats se connaissent. S’ils combattent, en effet, ce n’est pas uniquement pour leurs familles ou leurs pays, mais aussi pour l’amitié et pour des idées. Et de conclure en disant que les échecs sont une façon de favoriser « la coopération entre les peuples en plus de développer les capacités tactiques et intellectuelles ainsi que l’analyse et la stratégieNote de bas de page 3. »

Le Canadien Herb Langer affronte le Britannique David Onley

Soixante-cinq joueurs provenant de dix pays participaient cette année au tournoi de sept rondes, divisé en deux sections : actifs et vétérans. La section « actifs » regroupait les joueurs qui défendaient les couleurs de leur pays dans le cadre de la compétition entre les nations membres de l’OTAN. La section « vétérans » rassemblaient les joueurs ne faisant plus partie des forces armées ou du personnel civil de la défense. Toutes les parties – quelle que soit la section – étaient soumises aux règles de la Fédération internationale des échecs et cotées par elle. Il n’y avait qu’un seul appariement pour tous les joueurs de sorte que les « actifs » et les « vétérans » pouvaient s’affronter tout au long du tournoi. Ce ne sont que les résultats qui étaient comptabilisés séparément.

La cadence de jeu était la suivante : 2 heures pour les 40 premiers coups et 30 minutes supplémentaires pour faire mat, ce qui limitait la durée maximale d’une partie à 5 heures. La majorité des parties duraient entre 3 et 4 heures, parfois un peu plus de 4 heures, mais quelques-unes ont atteint la limite de temps. Le niveau de jeu était très élevé. Voici comment le grand maître international Alex Onischuk, directeur du Programme d’échecs de Texas Tech, présent tout au long du tournoi, a décrit les participants : « Ce sont des professionnels militaires, mais aussi de très bons joueurs. Ce ne sont pas de grand-maîtres, mais ils sont très très bonsNote de bas de page 4. » L’équipe allemande, par exemple, alignait une formation de huit joueurs dont la cote de la Fédération internationale des échecs moyenne dépassait 2350, ce qui est la cote d’un maître international. En comparaison la cote moyenne des quatre joueurs canadiens dépassait légèrement 1700, …la plus basse du tournoi !

À l’issue d’un combat acharné, ce sont les joueurs polonais qui ont enlevé les honneurs du 29e championnat militaire d’échecs de l’OTAN avec un total de 19½ points ! Au classement final, ils ont devancé les joueurs allemands d’un demi-point, soit le score d’une partie nulle. Or, l’ironie du sort a voulu que le champion militaire canadien de 2016, Mario Tremblay, fasse une partie nulle avec le capitaine de la formation allemande lors de la dernière ronde, ce qui a permis aux Polonais de remporter le championnat ! Pour sa part, l’équipe de la Grèce s’est classée troisième, à un demi-point de l’Allemagne. Notons que l’équipe grecque incluait une femme, maître internationale féminine, Ekaterini Pavlidou, qui a accumulé cinq points pendant le championnat.

L’équipe gagnante du tournoi : la Pologne

Quant à l’équipe canadienne, elle a terminé au neuvième rang avec 8½ points. Ce qui n’est pas mal du tout, compte tenu du niveau très élevé de la compétition. Le capitaine Mario Tremblay n’a pas gagné de partie, mais il est évident qu’il était, comme le disait l’ancien entraîneur-chef des Canadiens de Montréal, Michel Therrien, au sujet du défenseur russe Alexei Emelin : « difficile de jouer contre ! », puisqu’il a fait cinq parties nulles. Le champion militaire canadien de 2017, le caporal Dominic Coulon, est le seul représentant canadien à avoir remporté deux victoires, un véritable exploit dans un tel tournoi. Le capitaine Simard a été notre joueur le plus offensif et c’est lui qui a poussé ses adversaires le plus souvent à leurs limites, même s’il n’a remporté qu’une seule victoire. Quant à moi, j’ai bénéficié d’un point en raison d’une exemption et d’un autre pour une victoire à l’arraché ! Du côté des vétérans, Herb Langer et Jelani Ghiacy ont bien fait en récoltant respectivement trois points – meilleur score par un canadien pour le tournoi – et deux points.

L’élève officier Mihai Nechifor Dascalescu – un passionné du jeu d’échecs – accompagnait l’équipe à titre d’observateur grâce à la qualification obtenue lors du 10e Championnat militaire canadien qui s’était déroulé au cours de l’année au Collège militaire royal de Saint-Jean et au soutien financier de la Fondation des collèges militaires canadiens. L’élève-officier Nechifor a ainsi pu participer à une rencontre militaire internationale, y échanger des idées avec des militaires de tous rangs et de tous âges, observer le déroulement de matchs d’échecs de haut niveau et participer à un tournoi ouvert à tous organisé pendant le championnat par le Programme d’échecs de Texas Tech. L’élève-officier Néchifor a également affronté le grand-maître Onischuk lors d’une simultanée avec onze autres joueurs. Une partie mémorable pour ce jeune joueur.

L’élève-officier Nechifor et le grand-maître international Alex Onischuk

Pour les Canadiens ce tournoi a été une expérience extraordinaire à tout point de vue, une occasion d’apprendre énormément dans le domaine du jeu d’échecs et aussi d’échanger avec des militaires formidables, venus des quatre coins du monde pour jouer aux échecs et faire plus ample connaissance avec des amis et des alliés.

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