L'influence des cultures chez Aki Shimazaki

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Élève-officier Marie-Claire Pharand, Collège militaire royal de Saint-Jean

L'immigration commence très tôt dans l'histoire du Québec. Avec cette vague migratoire vient la naissance d'un tout nouveau genre : la littérature migrante. Plusieurs cultures se font rapidement découvrir et Hans-Jurgen Greif, dans « Quelle littérature migrante ? », fait la suivante remarque : Les auteurs allophones québécois qui en sont à leurs premiers romans ont très souvent tendance à orienter leur écriture sur la patrie qu'ils ont laissé derrière eux.Note de bas de page 1 Marie Cusson, quant à elle, reprend les mots de Clément Moisan et Renate Hildebrand et affirme que les auteurs francophones d'origine étrangère se relient à une écriture « axée sur le passé et le présent des cultures de départ et d'arrivée, à une écriture "migrante", c'est-à-dire portée désormais par un déplacement possible vers et à travers l'autre. »Note de bas de page 2 Elle soutient ainsi que les différentes cultures peuvent dorénavant coexister dans la littérature.

Née en 1954, Aki Shimazaki est une auteure canadienne d'origine japonaise. Elle s'inscrit dès lors dans la catégorie de la littérature migrante. Sa célèbre série Le poids des secrets est composée de cinq titres différents; Tsubaki est le premier. Cet épisode relate des événements du passé et du présent de la vie d'une vieille dame ayant survécu à la bombe atomique. On découvre, au fil de la lecture, la vie familiale très complexe au Japon de la femme âgée. Suite au décès de la vieille femme qui survient tranquillement durant une nuit, elle raconte à sa fille, à l'aide de lettres, la véritable histoire de sa famille. Plusieurs mensonges y seront dévoilés.

L'auteur a décidé d'écrire son roman à l'allure d'un poème où les thèmes de nature, de souffrances, de secrets et de destinée humaine s'entremêlent dans deux époques bien distinctes. Les scènes de la Deuxième Guerre mondiale dépeintes dans les lettres de la mère sont entrecoupées par les événements et les réflexions de sa fille dans l'époque contemporaine. La forme partiellement épistolaire du roman amène une grande intimité et nous plonge dans la tête des personnages.

Étant une Japonaise écrivant en français, Aki Shimazaki, à l'aide du roman Tsubaki, le poids des secrets, réussit-elle à illustrer le paradoxe entre les deux cultures qu'elle côtoie, soit les cultures canadienne et japonaise ?

Présences du Japon

Dans Tsubaki, Shimazaki adopte d'abord un style propre à la culture japonaise. Elle utilise les notions de retenue et de détournement qui se rapportent bien au style minimaliste japonais. En effet, Claire Dodane dit : « Culturellement au Japon, l'endurance silencieuse et la patience sont en effet, pour les femmes comme pour les hommes, des qualités synonymes de résistance et de force intérieure, non pas des signes de soumission innée ou de résignation lâche face au malheur.Note de bas de page 3 » La retenue, le silence, le détournement sont donc des concepts bien ancrés dans la culture japonaise.

Le terme « retenue », selon le Petit Robert, est défini comme étant l'attitude d'une personne qui sait se modérer, qui garde une prudente réserve. Les personnages que Shimazaki utilise dans Tsubaki représentent bien cette caractéristique. Yukiko, la mère du personnage principal, incarne parfaitement ce concept. Elle est une femme qui ne parle pas beaucoup et qui n'a pas tendance à exprimer ses émotions. Tout au long de sa vie, elle a été une fidèle compagne à son mari. Jamais n'a-t-elle fait référence à son passé devant sa fille et son petit-fils. Skimazaki écrit : « Pourtant, c'est mon fils qui, dans sa jeune adolescence se mit à lui poser les mêmes questions qui me préoccupaient toujours. Lorsqu'il se faisait trop insistant, ma mère lui criait de retourner chez lui. »Note de bas de page 4 Cet extrait illustre le côté réservé de Yukiko ainsi que sa très forte retenue, malgré sa réaction enflammée, face à son passé. Elle ne parle que faiblement de son expérience et refuse catégoriquement que sa fille, Namiko, mentionne qu'elle soit une survivante de la bombe atomique tombée sur Nagasaki, le village où elle a grandi. Yukiko laisse cependant parfois quelques commentaires s'échapper tout en restant très prudente dans les souvenirs qu'elle raconte. Sa prudente réserve est exprimée à la page 19 lorsqu'elle dit : « Il y a des cruautés qu'on n'oublie jamais. Pour moi, ce n'est ni la guerre ni la bombe atomique. »Note de bas de page 5 Lucie Lequin, dans « Aki Shimazaki et le plaidoyer de la vérité », observe aussi ce procédé de retenue utilisé par Shimazaki, procédé bien propre à la littérature japonaise. Dans son article, elle écrit : « Pourtant, malgré la narration à la première personne, chaque narrateur conserve intacte une grande part de son mystère le plus intime. Ils racontent, voire se racontent, mais se révèlent peu. »Note de bas de page 6 Shimazaki aborde le concept de retenue davantage dans la première partie de son roman. Son utilisation en profondeur se termine dès la page 21 lorsque Namiko reçoit les deux enveloppes. « Mon oncle? Qui est-ce ? Ma mère disait qu'elle était enfant unique, comme moi. Où est-il donc? Comment puis-je le trouver? Pourquoi maintenant ? Quelle bizarrerie.. »Note de bas de page 7

Shimazaki adopte un deuxième concept issu de la littérature japonaise, soit le détournement. Dans une entrevue accordée à Linda Amyot, Shimazaki dit que les auteurs japonais écrivent d'ailleurs de manière très détournée. C'est un style qu'elle a en partie choisi d'adopter dans Tsubaki. Le mot « détournement » signifie l'action de changer le cours, la direction. C'est surtout dans ses dialogues que Shimazaki utilise ce procédé. Que ce soit entre Yukiko et sa fille ou entre Yukiko et son père dans ses lettres, la conversation est souvent détournée par l'un des protagonistes pour éviter un sujet ou maintenir un mensonge. Shimazaki représente principalement le détournement à l'aide du personnage de M. Horibe, le père de Yukiko. Impliqué dans une histoire d'adultère avec son ancien amour, Mme Takahashi, de laquelle il a eu un enfant quand il était plus jeune (Yukio), il n'aime pas du tout entendre sa femme parler de l'histoire de leur voisine, soit Mme Takahashi. Dans un dialogue, Shimazaki écrit :

- Qu'est-ce que ça veut dire, comment?

- Je veux dire comment a-t-il pu se marier avec une femme sans instruction et sans famille du tout ?

- L'as-tu aussi questionnée au sujet de son éducation? Ça suffit!

Il semblait vouloir éviter le sujet [...] »Note de bas de page 8 Shimazaki n'illustre pas M. Horibe comme étant une personne colérique. Toutefois, chaque fois que la mère de Yukio est invoquée par sa femme, il se met en colère et détourne le sujet immédiatement. Il souhaite éviter à tout prix le sujet, car il représente un passé bien mouvementé émotivement.

Shimazaki dit d'elle-même qu'elle écrit des romans très japonais. Caractérisée par son minimalisme, elle illustre bien la littérature japonaise par l'utilisation des concepts de retenue et de détournement à travers les personnages clés de son histoire, tel Yukiko et M. Horibe.

Présences de l'Occident

Shimazaki adopte cependant un certain style qui se rapporte bien à la littérature canadienne, même québécoise. Elle écrit en français, une langue peu répandue au Canada excepté au Québec, et elle joue avec l'autofiction, un thème populaire durant le 21e siècle au Québec. Bien qu'elle mette de l'avant ses racines japonaises, elle adopte un style plus révélateur. Elle se permet de dévoiler les mensonges présents dans son histoire et met au premier plan des thèmes comme l'adultère, un sujet rarement étudié dans la littérature japonaise. Plusieurs auteurs québécois n'ont pas peur de dénoncer, de révéler les vérités, d'aborder des sujets plus tabous. Anne Hébert, par exemple, aborde des sujets tels que l'inceste et la violence notamment dans les Fous de Bassan.

Shimazaki illustre son concept de révélation dès les premières lignes de la lettre de Yukiko adressée à sa fille Namiko. Yukiko lui annonce que son père, c'est-à-dire le grand-père de Namiko, n'est pas mort à cause de la bombe atomique, mais bien parce qu'elle l'a elle-même tué. Shimazaki aborde le sujet directement, sans passer par quatre chemins. La révélation se fait dès les premières lignes. Shimazaki se fait très directe et quelque peu choquante. Elle illustre cette révélation par trois phrases bien courtes et des mots précis et simples. Aucune métaphore n'est utilisée, aucun euphémisme. Yukiko dit: « Je confesse maintenant la vérité. Ce n'est pas la bombe atomique qui a tué mon père. C'est moi qui l'ai tué. »Note de bas de page 9 Bien que chaque mensonge soit dévoilé de façon directe, sans artifices, ceci se fait de façon graduelle.

Au fur et à mesure que le récit avance, Shimazaki utilise Yukiko comme révélatrice de la vérité. En dévoilant un mensonge à la fois, elle illustre la réalité de la société japonaise. Alors que celle-ci s'efforce de cacher certaines réalités et garde plusieurs sujets tabous, Shimazaki, à l'aide de son personnage principal, décide de mettre la facette silencieuse et cachotière de sa culture de côté. Par exemple, la révélation de l'adultère apporte un côté plus occidental à son histoire. Bien que ce thème soit abordé graduellement, c'est-à-dire au fur et à mesure que Yukiko découvre la vérité sur son père, il amène tout de même un aspect plus choquant dans une littérature d'abord minimaliste. Yukiko dit: « Quoi? Je n'en croyais pas mes yeux. Mon père et madame Takahashi étaient allongés sur les tatamis, entièrement nus. »Note de bas de page 10 Shimazaki n'a pas peur des mots et ne se cache pas derrière des euphémismes pour détourner le nœud du sujet. Bien que cela ne soit pas une caractéristique propre au Québec, c'est plutôt surprenant venant d'une écrivaine japonaise. C'est de cette façon que le côté plus révélateur d'Aki Shimazaki s'illustre.

Shimazaki termine son roman en force. Alors qu'elle a bâti au fil des pages un récit qui révèle vérité après vérité, elle donne son coup final à la toute dernière page. Plutôt que de terminer son histoire avec la fin de la lettre, elle décide d'intégrer Yukio, l'oncle de Namiko. Maintenant que tous les mensonges ont été éclaircis, seul un reste encore vague : l'identité, le visage de Yukio. Shimazaki décide alors, à la toute dernière page, de présenter Yukio à Namiko et son fils. Tout au long de l'histoire, elle raconte la vie de Yukio et le fait grandir au fil de la lettre que Namiko lit. Alors que celle-ci s'attend à devoir aller à sa recherche, Shimazaki décide plutôt d'en faire une grande révélation finale. Yukio cogne à la porte et se présente. Le roman finit sur ces dernières lignes : « Dans le noir de la nuit, un homme âgé s'incline en enlevant son chapeau. Sur son visage, je vois déjà des images de ma mère et de mon fils. Il se présente :

- Bonsoir, Je m'appelle Yukio Takahashi. »Note de bas de page 11

En terminant de cette façon, Shimazaki permet aussi au lecteur de se faire une image de la suite. L'utilisation du concept de révélation chez Shimazaki permet aussi de garder les lecteurs en haleine. En ne dévoilant pas tout d'un coup, cela lui permet de garder un certain suspens sur ce qui adviendra par la suite. De plus, on ne s'attend pas nécessairement à une telle fin. Le côté révélateur d'Aki Shimazaki permet d'ouvrir la fin du roman avec bien plus qu'une possibilité, car les lecteurs s'attendent à tout et à rien. Quel mensonge sera dévoilé ensuite ? Qu'adviendra-t-il avec la lettre ? L'opéra Mme Butterfly, qui possède une fin semblable, peut alors nous laisser croire qu'une telle révélation s'apparente à la culture japonaise. Cependant, cet opéra est tiré d'une nouvelle d'un auteur américain. La version japonaise de Mme Butterfly tient alors son essence de révélation de la culture occidentale.

Le paradoxe

Aki Shimazaki unit finalement Canada et Japon à l'aide de thèmes universels. C'est alors ici que le paradoxe se désamorce. Elle n'écrit ni pour raconter la tradition japonaise ni pour représenter le Canada; elle raconte la tragédie humaine, quelle que soit la culture. Lucie Lequin observe de façon semblable ce paradoxe. Dans son article « De la mémoire vive au dire atténué », elle dit : « Aki Shimazaki, auteure migrante québécoise, n'insiste pas sur l'expérience du déracinement, du croisement des cultures. Elle parle de l'exil intérieur, des blessures identitaires, du refus de l'invention, du conformisme et du racisme. »Note de bas de page 12 Shimazaki met beaucoup d'accent sur le mal intérieur d'un individu et les souffrances qu'il peut vivre. Dans Tsubaki, elle relate la tragédie de Yukiko. Devant vivre avec le souvenir de l'assassinat de son père toute sa vie, ce n'est qu'à sa mort qu'elle se sent enfin libre. Gardant la vérité cachée pendant toute ces années, Yukiko a souffert du poids qu'elle portait sur ses épaules. En choisissant la lettre pour dévoiler les secrets de Yukiko, Shimazaki marie bien le concept de retenue et de révélation. En confessant sous une forme épistolaire, Yukiko garde une forme réservée, car elle n'a pas à faire face au regard de sa fille, mais maintient le côté révélateur en avouant ce secret qu'elle s'efforçait tant de cacher. C'est alors le côté plus révélateur de Shimazaki qui est illustré. Le paradoxe est alors bien démontré dans ce seul exemple : « Namiko, pardonne-moi d'avoir gardé le silence depuis des années sur mes parents et la bombe atomique. En fait, je voulais faire enterrer avec mon corps la vérité que je cachais. Cependant, questionnée sans cesse par ton fils, je m'oblige maintenant à ne plus fuir. »Note de bas de page 13 Shimazaki décide d'utiliser la révélation à travers Yukiko, mais garde tout de même sa retenue en décidant de la faire mourir avant que Namiko sache la vérité. De plus, le fils de Namiko, a grandi en Amérique, dans le 21e siècle. Il appartient donc plus à la culture occidentale, soit une culture révélatrice. Il se présente alors comme le catalyseur des révélations de Yukiko.

Shimazaki n'aborde pas seulement la tragédie humaine comme thème universel. Elle parle aussi de nature et de destin, deux thèmes qui complètent et soutiennent celui de la tragédie humaine. Présente autant dans la littérature canadienne que japonaise, la représentation de la nature dans Tsubaki illustre la fragilité de l'être et la douceur de la femme. Shimazaki fait beaucoup référence aux camélias. Elle en fait la fleur préférée de Yukiko. D'un rouge vif, les camélias, lorsqu'ils tombent, restent en un tout. Tombant un à un, il démontre, comme l'être humain, que rien n'est éternel. Délicat, le camélia représente la douceur de Yukiko. Dès la fin du livre, on se rend cependant compte que cette douceur n'est qu'une illusion, sachant que Yukiko a réussi à tuer son propre père. La mère de Yukiko est très attachée à cette fleur et dit même : « J'aimerais mourir comme Tsubaki. Tsubaki, c'est le nom du camélia en japonais. »Note de bas de page 14 Tout comme dans La dame aux camélias d'Alexandre Dumas, La passion de Yukiko est grande. Un amour fort l'unit à Yukio, mais elle doit l'abandonner, comme Armand doit laisser son amour dans la dame aux camélias, car elle apprend qu'il est son demi-frère. Shimazaki utilise de plus la nature comme endroit de prédilection des rencontres entre Yukiko et Yukio lorsqu'ils sont jeunes. Ils se retrouvent régulièrement dans un bois de bambou pour lire et discuter de leur famille. Cet endroit occupe une place importante dans le récit. C'est là que l'histoire d'amour entre les deux enfants débute, mais c'est aussi là qu'elle se termine. Lorsque Yukiko apprend la vérité sur Yukio, elle n'y remet plus les pieds. Elle ne peut soutenir le regard de Yukio. Bien qu'installé dans un contexte japonais, la nature reste un thème bien universel dans ce récit. Il est d'abord synonyme de mort, mais aussi d'amour et de tristesse.

Shimazaki aborde finalement le thème du destin d'abord avec Yukiko, puis avec Namiko. Défini par le Petit Robert comme étant une puissance qui, selon certaines croyances, fixerait de façon irrévocable le cours des événements, le destin est illustré au début et à la fin du livre. Yukiko croit fortement au destin. Shimazaki la représente comme une femme forte de caractère qui croit que chacun a son temps pour mourir. Elle écrit : «

- Il y a des choses qu'on ne peut éviter, malheureusement.

- Croyez-vous au destin, grand-mère?

- Oui, dit-elle, on meurt selon le destin. »Note de bas de page 15

Lorsque Yukiko décide d'utiliser les somnifères pour écourter sa vie, elle croit que c'est son temps, qu'elle a vécu assez longtemps. L'utilisation du suicide par Shimazaki est aussi un thème universel qui est abordé dans plusieurs cultures.

À la fin du roman, Shimazaki aborde le thème du destin à travers Namiko. Dans une conversation avec son fils, Namiko dit : «

- Ironique? Je ne sais pas. Cela pourrait aussi être le destin de la terre martyre pour mettre un point final à la guerre.

- Le destin? Tu parles comme grand-mère maintenant. »Note de bas de page 16 Shimazaki tisse un lien final entre Yukiko et Namiko. Chacune croyant au destin à leur façon, les deux femmes ont un point en commun. Au final, Namiko réalise peut-être que c'était un bon temps pour sa mère de mourir. Souvent caractérisé comme étant « né pour un petit pain », le Québécois a toujours aspiré à devenir meilleur, à se démarquer; il veut changer son destin. Cela ressemble quelque peu à celui de Yukiko. Vivant dans les horreurs de la guerre, elle aspirait à une vie paisible et bonne avec Yukio. Elle souhaitait changer sa destinée, et elle a partiellement réussi en s'établissant au Canada. Le thème est alors universel et réconcilie les deux cultures dans l'optique du changement de la destinée.

En somme, Aki Shimazaki illustre le paradoxe entre les cultures qu'elle partage, d'abord par l'illustration de concepts plus japonais et ensuite par la démonstration d'un style canadien, québécois. Cependant, ce paradoxe réside réellement dans l'intrication de ces deux cultures. Shimazaki inclut ses origines à sa nouvelle culture et réconcilie les deux en abordant des thèmes universels. Peu importe la nationalité de ses personnages, Shimazaki écrit sur la tragédie humaine et ses conséquences. Elle dit dans une entrevue accordée à Linda Amyot : « le thème que je privilégie est toujours la tragédie humaine d'un individu. En me plongeant dans la peau du personnage que j'ai créé, je tente de comprendre les sentiments ou la douleur. »Note de bas de page 17 Tsubaki, le poids des secrets représente parfaitement cette intrication des deux cultures à l'aide du thème prédominant de la tragédie humaine. Aki Shimazaki est autant fière de ses origines que de sa nouvelle patrie. Elle écrit pour raconter, pour illustrer la souffrance intérieure. Il serait intéressant de voir l'évolution de ce paradoxe à travers ses romans, au fil du nombre d'années passées suite à son arrivée au Canada.

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