Un nouveau navire de ravitaillement pour la Marine royale du Canada?

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(Mais que peut-on bien faire avec un tel navire?)

F Pierre Gingras
CMR Saint-Jean J 7843

En architecture navale, une boutade bien connue veut qu’une fois terminée l’agencement final d’un navire de guerre, on devrait le couper en deux pour y insérer une section vide et peu coûteuse d’une vingtaine de mètres qui se remplira à coup sûr avec le temps avec les nouveaux systèmes embarqués lors des mises à jour successives, ce qui allongera la vie utile du bâtiment.

De prime abord, l’approbation de la proposition du chantier maritime Davie Shipbuilding de modifier un porte-conteneurs pour en faire rapidement un navire de ravitaillement peut sembler un pis-aller, une mesure transitoire pour gagner du temps, un moindre mal.

Peut-être devrait-on au contraire analyser les autres solutions de rechange additionnelles offertes par cette méthode, notamment en se référant à l’expérience très positive de la Marine britannique lors de la « Guerre des Îles Falkland », survenue il y a 32 ans déjà!



Guerre des Îles Falkland
(Chasseurs-bombardier de type HARRIER opérés à partir d’un porte-conteneur commercial, « l’Atlantic Conveyer »)

Comme de nos jours les superstructures de ces grands navires sont généralement concentrées à l’arrière, la plupart de ces navires dégagent un pont d’une longueur et d’une surface supérieure aux ponts des porte-avions des années 40 – 60. L’expérience a démontré la possibilité d’opérer un porte-conteneurs d’envergure à titre de porte-hélicoptères et même de porte-avions en déployant un large escadron de chasseurs-bombardiers à décollage vertical de type « Harrier ». S’ajoutent déjà tout un catalogue de drones également opérables depuis un porte-conteneurs.

Comme de nos jours les superstructures de ces grands navires sont généralement concentrées à l’arrière, la plupart de ces navires dégagent un pont d’une longueur et d’une surface supérieure aux ponts des porte-avions des années 40 – 60. L’expérience a démontré la possibilité d’opérer un porte-conteneurs d’envergure à titre de porte-hélicoptères et même de porte-avions en déployant un large escadron de chasseurs-bombardiers à décollage vertical de type « Harrier ». S’ajoutent déjà tout un catalogue de drones également opérables depuis un porte-conteneurs.

L’opération d’hélicoptères permet déjà de remplir une multitude de missions, depuis la lutte anti sous-marine au balayage de mines. Lors de la guerre des îles Falkland les « Harrier » se révélaient de fougueux combattants aériens capables d’exécuter des manœuvres qu’aucun autre appareil ne pouvait faire à l’époque, comme monter subitement comme un bouchon afin de se replacer aussitôt en poursuite de l’adversaire ex-poursuivant.

D’autre part, savoir que, jusqu’à un certain point, un convoi peut prendre charge, ou au moins participer à sa propre protection présente un avantage. Le fait qu’un tel navire peut se fondre au centre d’un convoi de navires de même gabarit constitue également une protection.

« L’Atlantic Conveyer », mobilisé et armé en quelques jours, a finalement été détruit par un missile « Exocet » de l’aviation argentine. Il n’avait reçu aucun des moyens de protection et de défense que devrait recevoir le navire tout juste acquis par la MRC pour être transformé en navire de ravitaillement.

Mais, une autre possibilité encore peu considérée jusqu’à maintenant promet une grande polyvalence : la « conteneurisation » des systèmes d’armes.


Le pont de l’Atlantic Conveyer en pleine action

« CONTENEURISATION » DES SYSTÈMES D’ARMES

Le dilemme de tous les gouvernements consiste à limiter les énormes investissements requis pour se constituer une flotte de guerre, et ce, tout en s’assurant toutefois de disposer d’une force suffisante dès l’éclatement d’un conflit, compte tenu des délais énormes requis pour construire ces navires.

De nos jours, la conception des navires de guerre est orientée vers le design de navires capables de recevoir des ensembles normalisés de divers systèmes d’armes. On ne conçoit pas un nouveau missile ou un nouveau système électronique de radar ou de communications spécifique pour chaque nouvelle classe de bâtiment. On choisit les « kits » existants nécessaires aux missions envisagées pour le bâtiment en question et on conçoit le navire en conséquence, c’est-à-dire qu’on adapte l’espace pour les recevoir.


Stripped of their protective coatings, the freshly camouflaged Sea Harriers and the RAF GR.3s were moved one by one to the flight deck for transfer to the carriers.

Or, presque tous ces armements, systèmes électroniques et autres pourraient être assemblés en un, deux ou trois « conteneurs » standard. Même un gros missile « Exocet » s’insère dans un conteneur normal, ou un module, facilement orientable lorsque disposé sur une table tournante. On en ferait des éléments dits « plug and play ».

Exemple de modules :

  1. Systèmes électroniques : radars divers, sonars, communications;
  2. Armements : canons et missiles anti-aériens, canons de surface, missiles anti-sous-marins, poste de défense, gatling guns, systèmes « Phalanx »;
  3. Logistique : infirmerie, cafétéria, dortoir, postes de commandement, salles de réunion, entrepôts frigorifiés, munitions, réservoirs des divers carburants, ateliers divers;
  4. Logistique de soutient : pour opération d’hélicoptères, de drones et même de chasseurs-bombardiers;
  5. Modules placés en périphérie pour servir de protection, de blindage, chargés en conséquence.

Comme les porte-conteneurs en service comptent en moyenne de 8 à 12 000 unités, un seul pourrait théoriquement disposer d’une puissance de feu supérieure à la puissance d’une escadre complète. Bien plus, tel que cité plus haut, comme de nos jours les superstructures de ces grands navires sont généralement concentrées à l’arrière, la plupart dégagent un pont d’une longueur et d’une surface supérieure aux ponts des porte-avions des années 40 – 60.

Le nouveau navire français CMA-CGM Bougainville fait 400 mètres de long, 54 mètres de large, porte 18 000 unités de 20 pieds et fait 21 nœuds, et ce, avec seulement 26 membres d’équipage. Le dernier-né des porte-avions américains, le Ronald Reagan, est long de 333 mètres, soit 67 mètres de moins.

Le cargo moyen moderne dispose donc de l’espace nécessaire pour recevoir un armement supérieur en puissance et plus diversifié que n’importe quel navire de guerre existant, à l’exception peut-être des gros porte-avions modernes. Il serait facile de concevoir un pont pouvant être posé par-dessus plusieurs rangs de conteneurs de façon à conserver la capacité de chargement du navire. D’autre part, charger quelques-uns de ces conteneurs armés sur des porte-conteneurs pourrait surprendre désagréablement les pirates et limiter les coûts actuels de déploiement de grands navires pendant des mois pour assurer la protection de la marine marchande dans certaine région, notamment l’Afrique de l’est.

Mais, revenons à notre problématique initiale: comment limiter les investissements énormes de construction et d’exploitation d’une marine de guerre d’une envergure suffisante pour répondre immédiatement au déclenchement d’un éventuel conflit.

La réponse possible serait-elle de remplacer une partie de la flotte par une réserve de modules de systèmes d’armements (et une réserve de personnel qualifié) chargée sur les navires commerciaux au dernier moment, en période de crise et de conflits? En fait, pourrait-on entreposer dans un hangar l’équivalent d’une escadre de plusieurs navires?

Il faudrait surtout s’assurer que les réservistes de la Marine sont parfaitement entraînés pour opérer ces systèmes d’armes. Pour une partie importante de leur entrainement, les réservistes pourraient s’entraîner entre eux sans sortir de chez eux. Les drones qui opèrent actuellement en Afghanistan et en Irak ne sont-ils pas pilotés depuis Las Vegas ?

Leçons apprises

Se pencher sur la guerre des Malouines, ou dites des îles Falkland, qui est, chose rare de nos jours, principalement une guerre navale, nous a donné l’occasion de faire les constats suivants, qui sont autant de leçons que l’on peut tirer de l’histoire.

  1. que contrairement à la laine et au coton, les vêtements en polyester peuvent fondre dans les plaies au moment des blessures et entrainer des complications énormes;
  2. que l’installation d’une conduite principale d’incendie de chaque côté du navire plutôt qu’une seule, comme on le faisait autrefois, aurait permis de sauver au moins un bâtiment, possiblement deux;
  3. qu’un navire en acier, ça ne brûle pas, contrairement à un navire moderne en aluminium.
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