Le rôle du PM1/Adjuc de nomination supérieure en tant qu’acteur stratégique dans les FAC

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Adjuc Legault

Concernant l’auteur

Adjuc Legault occupe la position de l’Adjuc des Forces d’opérations spéciales. C’est le membre du rang sénior et le conseiller sénior pour le commandant des Forces d’opérations spéciales. Ses fonctions mettent en pratique des concepts tels que l’équipe de commandement, la gestion du changement et la connaissance de la culture organisationnelle car il représente le bien-être de tout le personnel de son unité, particulièrement les membres du rang. Dans son rôle il fait la promotion de l’excellence, du mentorat, du perfectionnement professionnel, du professionnalisme et de l’esprit d’équipe. En sa qualité de conseiller, il doit être conscient des objectifs actuels de la politique et des priorités des FAC. Ce niveau de connaissance est nécessaire car il est le conseiller du commandant concernant le climat organisationnel et la culture de son unité.

Introduction

Dans cet essai je vais expliquer comment le rôle d’un PM1/Adjuc de nomination supérieure est lié aux théories et concepts du programme de nomination supérieure (PNS). Comme adjudant-chef, je crois que le programme de nomination supérieure (PNS) nous aide à définir le rôle que nous aurons lorsque que nous serons appelés à occuper un de ces postes. La première partie de ce travail sera consacrée au concept de l’équipe de commandement et de leadership ainsi qu’au rôle clef du PM1/Adjuc de nomination supérieure. Je vais aussi décrire le rôle clef que nous avons dans la culture organisationnelle et lors de période de changement. Ensuite, ce travail examinera le rôle du PM1/Adjuc de nomination supérieure en tant qu’acteur dans la mise en œuvre de la Stratégie de défense le Canada d’abord et des opérations domestiques. La question de la défense de la souveraineté Canadienne sera aussi abordée dans cette partie. Ces rôles sont stratégiques mais ils s’appuient sur notre vaste expérience au niveau opérationnel voire tactique. Je vais conclure ce travail en reliant toutes ces théories et concepts au rôle d’un PM1/Adjuc de nomination supérieure comme gardien de l’institution et de la profession des armes.

Partie 1 – Équipe de commandement, culture organisationnelle et changement

Le concept de l’équipe de commandement est une composante très importante au sein de l’institution et dans la structure des Forces armées canadiennes. Ce concept qui aujourd’hui favorise et optimise le bon fonctionnement de l’institution n’a pas toujours fais l’unanimité au sein des éléments des FAC, donc la marine, l’aviation et l’armée de terre. En fait le premier officier senior des FAC à reconnaitre la valeur d’une telle équipe et plus pertinemment le potentiel incroyable des adjudants-chefs au sein de l’équipe fut un Chef d’état-major de la Défense provenant de la marine. Il innovera en nommant le premier Adjudant-chef des FAC soit l’adjudant-chef Osside en 1978. Ce pas de géant pour les membres du rang est aujourd’hui reconnu avec la nouvelle Institut de la profession des armes adjudant-chef Osside. Le corps des membres du rang à évoluer grandement aux cours des dernières décennies et les officiers séniors des FAC reconnaissent de plus en plus l’apport important de ces sous-officiers séniors. Il m’apparait évident que nous devons mieux connaitre le programme de développement de nos officiers séniors, et ce à tous les niveaux afin d’être en mesure de mieux adapter le programme de développement professionnel des membres du rang. Pour mieux remplir notre rôle, nous devons mieux comprendre les structures complexes de l’équipe de la défense.

Il est impératif que les PM1/Adjuc de nomination supérieure soit exposé plus tôt dans leur carrière aux autres environnements et d’avoir le privilège de servir dans les postes clés au sein de ces organisations. La conjoncture actuelle qui privilégie les missions inter-armée, va continuer de favoriser l’intégration des membres du rang sénior entre les environnements. La compréhension des parties prenantes telles la Gendarmerie Royale du Canada, le ministère des affaires mondiales du Canada et les autres organisations gouvernementales doivent faire partie intégrante de notre formation professionelle. Après ce que j’ai appris pendant Programme de nomination supérieure je dois conclure que le rôle de PM1/Adjuc de nomination supérieure est crucial au sein de l’équipe de commandement, et qu’il est par conséquent primordial de mieux nous préparer comme communicateur afin de continuer de bien appuyer nos officiers séniors et ce, sans négliger le rôle de gardien de l’institution et la profession des armes.

Au cours des dernières années, plusieurs changements important ont eu lieu au sein des FAC. J’ai personnellement vécu plusieurs changements organisationnels majeurs qui ont affecté l’institution. La création des différents commandements opérationnels en 2006 sous la tutelle du General Hillier aura démontré l’importance du rôle du PM1/Adjuc de nomination supérieure lors du processus de changement. La mauvaise communication de la vision de changement, la sous-estimation du pouvoir de la vision et un excès de complaisance ne sont que quelques raisons pour lesquelles les tentatives de mise en œuvre de changements organisationnels échouent. Le PM1/Adjuc de nomination supérieure peut certainement travailler à éviter ces situations en participant activement à la création d’une vision claire et efficace visant à favoriser le changement. Il doit aussi être en mesure de bien communiquer la vision et l’intention du commandant à tous les niveaux. Cet objectif peut être atteint en s’entourant de personnel clef ayant les compétences de communication leur permettant de transmettre efficacement le bien fondé du changement requis et ainsi de valider la vision ou de la modifier au besoin. Dans un tel rôle, le PM1/Adjuc de nomination supérieure occupe une position cruciale et se trouve dans une arène où sont bassin d’expérience, son réseau professionnel et sa connaissance des troupes est essentielle.

Un autre exemple pertinent de changement majeur étant toujours en vigueur est sans contredit celui du niveau de ressources humaines, ou plus spécifiquement de l’abolition de certains bénéfices pour les membres des FAC qui sont mutés avec restrictions imposées. L’importance du rôle clef de l’adjudant-chef du commandement du chef du personnel militaire, une position de nomination supérieure, a été instrumentale pour communiquer avec tous les membres affectés et ce, afin que le personnel comprenne bien la valeur de cette importante mesure. Le même effort a été requis du PM1 de la marine royale canadienne lors de récents ajustements concernant la l’alcool à bord des navires. En effet, un travail remarquable fut accompli par ce PM1 occupant un poste de nomination supérieure. Cette tâche de communication fut un travail de longue haleine afin d’appuyer son commandant et d’expliquer au plus bas niveau de la chaine de commandement le raisonnement se trouvant à la base de cette décision. Les Forces d’opérations spéciales ont aussi eu leur lot de changement institutionnel avec la création de deux nouveaux métiers et d’une nouvelle unité, soit le centre d’entrainement des opérations spéciales du Canada. Ces changements étant significatifs, ceci aura exigé un plan de communication interne et externe bien développé afin de bien faire comprendre la nécessité de ces changements institutionnels. Ayant participé personnellement aux changements relatif aux forces spéciales, je peux dire avec certitude qu’il a fallu communiquer et inculquer la vision du commandant et ce au plus bas niveau. Un travail rigoureux et de longue haleine qui a ultimement permis à l’institution de maintenir l’excellence en opération.

Partie 2 – Stratégie de défense le Canada d'abord et la souverainté du pays dans l'artique

Le gouvernement canadien donne un mandat clair aux FAC, soit celui de protéger le vaste territoire canadien. Un mandat qui demande des ressources qui ne sont pas toujours disponibles et qui peuvent tarder à arriver dans un contexte de restriction fiscale. La défense nationale redouble d’effort afin de justifier l’acquisition de nouveaux navires, d’avions de chasse et de nouveaux équipements terrestres essentiels pour remplir cet important mandat. Dans un tel contexte, la grande contribution d’un PM1/Adjuc de nomination supérieure est sans contredit sa vaste expérience professionnelle. Cette expérience ainsi que les compétences acquise au sein des FAC permettent au PM1/Adjuc de nomination supérieure de fournir des conseils éclairés quant à la capacité des FAC, et de mettre en perspective l’impact opérationnel du manque de ressources ou de la gestion de celles-ci dans un contexte de pénurie. Quand les FAC reçoivent des ordres de déploiement pour des évènements internationaux tel les Olympiques d’hiver à Vancouver en 2010 ou encore le sommet du G8 et G20, il faut être en mesure de bien saisir l’ampleur de la tâche et de la menace grandissante visant de tels évènements. Les FAC doivent améliorer leur capacité inter-armée pour maximiser l’utilisation des ressources mais aussi pour être plus efficace dans le cadre des missions domestiques. Le PM1/Adjuc de nomination supérieure a un rôle de premier ordre pour favoriser une meilleur utilisation des ressources et pour fournir des recommandations éclairées visant un meilleur niveau d’interopérabilité.

Bien accomplir le mandat domestique demande une coopération accrue entre les différentes agences inter-gouvernementales. Le PM1/Adjuc de nomination supérieure aura un rôle clef à jouer afin de faciliter cette collaboration entre les différents acteurs étant impliqués. L’importance de bien comprendre la place et le rôle des différents éléments des FAC et des autres acteurs met à profit la vaste expérience et les compétences en leadership institutionnel du PM1/Adjuc de nomination supérieure. La capacité à identifier les zones critiques pour l’amélioration de la collaboration est très importante. La menace asymétrique grandissante demande une plus grande coopération au niveau du renseignement et en tant que PM1/Adjuc de nomination supérieure nous devons bien saisir l’importance de mettre en œuvre le meilleur mécanisme de communication possible entre les différents acteurs. L’objectif est de prévenir dans les cas les plus graves des attentats. Une capacité de communication et un solide réseau professionnel est donc essentiel dans le cadre de telles fonctions. Ce sont des compétences et des attributs que possèdent les membres du rang séniors. Le Cyber espace qui encore récemment n’était que très peu considéré demande aussi une attention croissante et des ressources beaucoup plus significatives qu’il y a quelques années. Le programme de nomination supérieure nous a démontré que cette capacité devient extrêmement importante pour le gouvernement canadien, et en tant quePM1/Adjuc de nomination supérieure il faut absolument être en mesure de comprendre l’ampleur de ce nouveau défi.

Le premier ministre canadien a démontrer à tous qu’il tenait absolument à défendre la souveraineté du Canada dans l’Arctique en participant à plusieurs événements médiatisés en lien avec cet enjeu, plus particulièrement lors de l’exercice Nanook dans le Nord canadien. Cet exercice annuel met en évidence les capacités opérationnelles des FAC dans le Nord et du même coup affirme la souveraineté du Canada dans cette région. L’intérêt international pour le Nord canadien augmente sans cesse depuis quelques années et le gouvernement met de la pression sur le département de la défense nationale pour assurer notre souveraineté dans cette région.

Notre rôle comme PM1/Adjuc de nomination supérieure est très important pour conseiller et informer les officiers séniors qui auront à prendre des décisions dans le cadre de ce nouveau mandat. Ceci remet en évidence l’importance du rôle du PM1/Adjuc de nomination supérieure mais aussi les compétences et connaissances qu’il ou elle doit posséder pour bien remplir ce rôle.

Les ressources requises pour faire face à ce nouveau défi seront considérables. Ce mandat aura un impact certain sur nos ressources les plus précieuses, soit nos membres. Il est impératif que les FAC envisagent une approche inter-armée et que la marine royale canadienne, l’aviation royale canadienne, l’armée de terre ainsi que les forces d’opérations spéciales s’impliquent toutes de façon significative pour trouver et définir la vision requise. Les PM1/Adjuc de nomination supérieure auront un rôle clef pour communiquer aux troupes la vision du gouvernement dans le grand nord canadien. Il faudra donc être très bien renseigné sur la capacité actuelle des FAC mais aussi sur les changements requis pour remplir ce nouveau mandat.

Conclusion

Le rôle du PM1/Adjuc de nomination supérieure devient de plus en plus crucial au sein des FAC. Son rôle clef dans l’équipe de commandement, son rôle de communicateur de la vision et du changement, ainsi son rôle de gardien de l’institution et de la profession des armes sont tous importants. Un défi important se présente à tous les PM1/Adjuc de nomination supérieure depuis la sortie du rapport de l’ancienne juge à la cours suprême de Canada Mme Deschamps sur l’inconduite sexuelle dans les FAC. Ce rapport blâme la chaine de commandement pour avoir fermé les yeux sur plusieurs cas d’allégations d’agressions sexuelles et ainsi d’avoir donné libre cours à une culture malsaine. Il est de notre devoir comme gardien de l’institution et de la profession des armes de contribuer au développement des mesures et des solutions qui seront mise en œuvre et de les communiquer avec rigueur aux membres des FAC afin d’éliminer ce fléau et d’abolir cette culture malsaine. Les FAC devront continuer d’investir dans le développement professionnel des sous-officiers supérieurs, et de promouvoir leur intégration accrue à tous les niveaux et environnements. L’institut de la profession des armes adjudant-chef Osside est certainement le meilleur véhicule afin de former les sous-officiers supérieurs qui seront des acteurs essentiels pour la grande institution qu’est la défense canadienne.

Bibliographie

Chef d’état-major de la Défense, « Module 1: Le Leadership dans les Forces Canadiennes; Lecture 2 : Diriger l’institution un aperçu » Programme de nomination supérieure, Académie canadienne de la Défense, 2005, pp. 97-118.

Chef – Développement des Forces, « Module 1: L’environnement de la sécurité future 2008-2030 » Programme de nomination supérieure, 27 Janvier 2009.

B-GJ-005-000/FP-002, « Publication interarmées des Forces canadiennes » Programme de nomination supérieure, Centre d’expérimentation des Forces canadiennes, 09-2011.

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