e-Intelligence; La clé de la bataille technologique

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Eric Dion, Canadian Forces College

 

Image : (Mast, B, 2017, Septembre 15).
 

Sécurité

Avant d’entrer dans le cadre d’analyse multidimensionnel comme tel, il importe de bien définir ce que nous entendons par la sécurité nationale et la défense globale au 21e siècle. En relations internationales, c’est le paradigme westphalien qui domine encore ce champ d’études, même si de plus en plus, de nouvelles perspectives émergents pour le contester (David & Schmitt, 2020, pp. 67-96). L’état-nation reste ainsi l’unité d’analyse la plus souvent employé pour établir les bases de la sécurité; c’est alors qu’on parle de sécurité nationale. Mais aujourd’hui, certaines multinationales sont aussi, sinon même plus influentes, du point de vue socioéconomique, que certains États. Les villes sont devenues des actrices importantes sur la scène mondiale et des considérations de plus en plus globales, comme la préoccupation pour l’environnement, la crise de la pandémie, l’accès aux ressources et la redistribution, l’espace voir même les nouvelles technologies, transcendent pourtant la conception de l’état-nation. C’est ainsi qu’on parle de défense globale face à ces enjeux.

Alors qu’on conçoit encore la sécurité de façon essentiellement dichotomique, soit entre le bien ou le mal, la guerre ou la paix, sa synthèse plus pragmatique nous amène à penser que la sécurité est une question d’équilibre, souvent délicat entre ces extrêmes théoriques. Fondamentalement, comme toute conceptualisation inventée par les humains, comme par exemple: La notion du temps, ou encore la valeur de l’or et de l’argent; la sécurité repose dans une large mesure sur notre conception du monde: Est-ce que je me sens en sécurité? (Dion, 2012, pp. 26-28) La réponse à cette question touche à de multiples dimensions: Le contexte situationnel (y-a-t’il un danger réel ici et maintenant?), la société et culture (qui perçoit le danger et pour qui se présente-t-il?), la structure organisationnelle (quelle entité constitue le danger et laquelle peut répondre?), le procédé systémique (comment ce danger se présente-t-il?), la stratégie politique (pourquoi ce danger et dans quel intérêt?), et la synergie dynamique (et alors, s’il y a danger réel, où et quand, qui, quoi, comment et pourquoi répondre intelligemment?). Une telle perspective plus intégrée est essentielle.

Par ailleurs: «La manière dont les technologies peuvent être utilisées et transformées dans les domaines militaire et sécuritaire n'est pas encore pleinement comprise et elle doit être examinée de près. Les capacités qu'ils pourraient fournir peuvent affecter directement ou indirectement les conditions préalables à la paix, la nature des conflits et la manière dont l'insécurité est perçue et gérée par les peuples et les États. Le suivi de leur développement est donc essentiel pour comprendre l'avenir de la guerre et celle de la sécurité mondiale (SIPRI, 2020)». La technologie et la sécurité agissent donc comme les deux tranchants d’une même arme, mais encore une fois, leur utilisation à meilleur escient relève de nous.

Schéma

Plus fondamentalement, ce sont donc six dimensions essentielles qui doivent être prises en considération lors d’une analyse et prise de décision pour obtenir des effets intégrés. En effet, plusieurs enjeux de sécurité nationale et de défense globale transcendent nos silos organisationnels, nos approches stratégiques indépendantes, voire même nos idées. Il nous faut donc un modèle de réflexion synergique qui vise essentiellement à créer et à gérer la dynamique de synergie de façon holistique, pragmatique ainsi que constructive. Ce modèle doit donc servir de base de réflexion, ou encore de cadre métacognitif (Dion 2020), pour mieux appréhender les enjeux intelligemment et dans toute leur complexité:


Modèle de réflexion synergique
 

Situation

La technologie peut être conçue comme une menace autant qu’une source d’opportunité. L’environnement est un enjeu qui représente désormais des défis pour l’espèce humaine, mais les avancées dans le domaine de l’écotechnologie, comme la biosurveillance et la bio-indication, la bioremédiation, le recyclage, la gestion du cycle de vie et des déchets, les énergies renouvelables et l’éco-efficience, offrent des pistes prometteuses de solution. La situation globale demande pressement une réponse e-intelligente et mieux équilibrée, d’autant que nous ne contrôlons pas l’environnement et que nous en sommes tributaires.

La soi-disant «conquête spatiale» voire même temporelle, donne une vision et sert encore de moteur à de nombreux développements technologiques dont nous ne saurions nous passer aujourd’hui. Les deux guerres mondiales, au sacrifice de grandes pertes humaines, ont aussi permises des avancées technologiques modernes et industrielles; pensons aux micro-ondes, issus du développement du radar militaire. Mais ces développements, souvent présentés sous les drapeaux d’état-nations, ne devraient-ils pas bénéficier à tous? L’évolution humaine s’est souvent faite au détriment de certains, aux bénéfices d’autres, ce qui représente également en soit une menace globale à la sécurité humaine mondiale.

En termes de sécurité globale, il faudrait désormais considérer une ère plus e-intelligente. L’ère industrielle qui représente une infime partie de l’évolution connue de l’humanité, y a causée des répercussions considérables que l’ère informationnelle prend pour acquises. L’exemple des loups vient en tête, où dans certains parcs nationaux comme Yellowstone, ils furent éradiqués comme menace pour s’apercevoir avec le temps de leur grande utilité dans le maintien d’un équilibre naturel délicat au sein de la population locale d’ongulés (ElmapelkiPermaLab, 2014 février 20). De fait, c’est l’humain qui créa donc le déséquilibre avec de soi-disant avancées «scientifiques» dont la portée se limita à une compréhension plutôt limitée de son environnement naturel. Cette analogie pourrait bien servir de leçon de vie dans la situation environnementale actuelle, comme de quoi la technologie ne résoudra pas tout.

Société

Si pour plusieurs la solution provient fondamentalement d’une prise de conscience réelle accompagnée par les technologies, pour d’autres la technologie peut surtout servir d’aide. La pandémie de la COVID-19 démontre encore une fois les limites de nos avancées dans le domaine des sciences et technologies, face à une situation de crise sanitaire mondiale. Nous misons sur la technologie pour produire en masse masques, respirateurs et vaccins. Nous tentons à tout prix de relancer l’économie sans requestionner notre modus vivendi. C’est donc dire qu’il existe bel et bien un lien intime entre l’environnement et la société, et d’ailleurs, de plus en plus d’organisations misent sur l’analyse socio-environnementale pour tenter de réconcilier au moins deux des dimensions fondamentales de notre modèle.

La société occidentale contemporaine dépend dans une large mesure des développements technologiques, mais c’est une erreur de croire qu’ils constituent la seule voie à suivre... Quoique la qualité de vie à l’échelle planétaire soit en amélioration, la pandémie de la COVID-19 nous a permis de réaliser l’importance de nos rapports humains. C’est ainsi que: «Le recours aux technologies émergentes de sécurité se produit dans un cadre de gouvernance libérale où l’État coopère avec les entreprises, les organismes internationaux etc. Pour tous ces acteurs, la technologie apparaît comme la solution la plus scientifique pour anticiper les dangers et menaces futurs. Or, cela soulève des problèmes éthiques, juridiques, philosophiques, sociologiques et politiques, qu’il convient d’examiner à la lumière de la transformation des rapports humains par la techno (Ceyhan, 2006, 11, 32)».

Les technologies de l’information représentent autant une menace qu’une opportunité par exemple, par l’augmentation d’informations en contrepartie de celle de la désinformation. Et de fait, ce n’est pas ici des technologies dont il est véritablement question que de notre rapport humain à cet outil que nous avons inventé et des défis historiques qu’il présente. Si le génie de l’Internet est sorti de sa lampe avec l’avènement d’ARPANET dès 1966, comme l’invention du feu voire de l’arme blanche, c’est un code 18 qu’il faut prévenir, où c’est l’usager qui est en faute, proverbialement situé à 18 pouces de son ordinateur. Si la technologie trouve des applications dans les dimensions situationnelle et sociétale, dans les dimensions structurelle, systémique, stratégique et synergique, elle s’épanouie.

Structure

Grâce à la technologie, il est désormais possible d’atteindre les personnes exclues alors même qu’un plus grand nombre d’aspects de l’économie physique deviennent virtuels (Georgieva, 2018 Juin 27). Mais ici aussi, le virtuel rencontre des limites physiques bien réelles que nous sommes encore mal outillés pour contrer. L’accès à l’eau potable, par exemple, demeure encore aujourd’hui une limite réelle au développement que l’accès à l’Internet ne facilite pas. Malgré l’avènement de technologies plus poussées d’assainissement et de traitement de l’eau, l’accès demeure un enjeu vital pour notre sécurité humaine mondiale. C’est ainsi dire que les technologies ne compensent pas, mais complémentent plutôt, nos schèmes de pensée existants qui reposent fondamentalement dans nos sociétés et cultures.

Or: «La technologie est un agent fondamental du changement social, offrant de nouvelles possibilités de production, de stockage et de diffusion des connaissances. Cela est tout particulièrement clair dans le domaine militaire. Des changements majeurs dans l'histoire militaire ont souvent suivis des développements révolutionnaires dans les sciences et les technologies. Si elles ne sont pas toujours initialement le résultat de la recherche et du développement militaires, les nouvelles technologies trouvent souvent des applications militaires qui, dans certains cas, ont des effets perturbateurs sur la conduite de la guerre. Ceux-ci peuvent être des effets positifs et négatifs: les progrès de la technologie militaire ont amélioré la possibilité de précaution dans la mobilisation et l'application de la force, mais ils ont également fourni des capacités plus puissantes de dommage et destruction (SIPRI, 2020)». Essentiellement, c’est donc de l’humain que doit relever toute décision.

Les organisations, privées comme publiques, sont de plus en plus confrontées à un double dilemme; elles doivent maintenir leur avancée technologique, tout en étant responsables et c’est ici que revient en force la notion de préservation d’un équilibre de vie très délicat. Sans une considération pour l’organisation du travail issue du management scientifique et du taylorisme l’ère industrielle n’aurait pas eu l’effet planétaire que nous lui connaissons. Pour l’essentiel l’industrialisation aura cherchée à modeler et modifier le monde physique par des techniques d’organisations de la structure, telles que la bureaucratie wébérienne. Mais le secret n’est pas toujours dans les ingrédients et plus souvent dans leur intégration.

Système

«Conjointement à d’autres évolutions technologiques telles l’informatique dématérialisée, les réseaux intelligents, les nanotechnologies et la robotique, le monde de l’Internet des Objets (IdO) dans lequel nous sommes désormais entrés, représente un pas de géant vers une économie générant plus d’efficacité, de productivité, de sécurité et de profits. Toutes les opportunités entraînent en revanche un certain niveau de risque, et dans le cas de l’IdO, ce risque est aussi important que les récompenses. Des cyber-infractions aux questions mouvantes de la responsabilité civile en matière de biens et de produits, les entreprises ne peuvent pas se permettre de poser le pied dans ce nouvel univers technologique sans s’y être préparées au préalable. Par exemple, chaque objet se connectant à Internet représente un point d’entrée supplémentaire par lequel les cybercriminels peuvent accéder au système interne d’une entreprise. Et attention, dans un monde où les machines remplacent les personnes en tant que décisionnaires et où les capteurs recueillent continuellement des données, de sérieuses questions se posent en termes de responsabilité, de dommages matériels et de vie privée (AIG, 2016, 6)». Or, comme nous l’avons exposé précédemment, nous sommes encore bien loin de répondre à ces enjeux systémiques, d’autant plus que notre approche n’est pas holistique ni intégrée.

D’un point de vue d’analyse technologique la sécurité prend de plus en plus en elle-même une dimension systémique. Mais comme nous démontrons ici, une analyse équilibrée et e-intelligente ne peut se limiter à l’analyse unidimensionnelle: Situationnellement, nous devons tenir compte de l’environnement global. Sociétalement, nous devons tenir compte du facteur humain. Structurellement, nous ne pouvons passer à côté des organisations et stratégiquement, nous devons réfléchir à nos visées. Synergiquement, nous devons donc adopter une perspective plus large que celle du système, comme un système de systèmes. Systématiquement, on associe aux technologies et à la sécurité la notion de cybersécurité.

Or, la cybersécurité efficace dépend d’un ensemble multidimensionnel de considérations, comme des principes fondamentaux intégrés: 1) Accroître la sensibilisation à la sécurité [Société] ; 2) Définir les rôles et les responsabilités [Structure]; 3) Élaborer des politiques et normes [Stratégie]; 4) Élaborer un plan [Situation]; et 5) Établir un budget [Système] (Canada, 2016). C’est ainsi que: «Les innovations actuelles en intelligence artificielle, robotique, systèmes autonomes, Internet des objets, impression 3D, nanotechnologie, biotechnologie, science des matériaux et informatique quantique devraient apporter des transformations sociales d'une ampleur sans précédent (SIPRI, 2020)». De plus, Internet basé sur la physique quantique permettra bientôt de sécuriser les communications selon le Massachusetts Institute for Technology (MIT), Technology Review 2020 (Deluzarche, 2020 Avril 3).

Plus le volume de données transmises augmente plus les risques concernant la sécurité de ces informations croît. Ainsi, les entreprises comme les consommateurs doivent adopter de bonnes pratiques: Cyber hygiène individuelle, culture organisationnelle et stratégie de cybersécurité. La réponse ne saurait provenir d’une analyse d’une seule dimension isolée. Ex: Amnistie internationale, l’ONG qui a soutenu des générations de militants persécutés dans les pires dictatures, dit que: le modèle économique de Google et Facebook «fondé sur la surveillance» constitue une «menace systémique pour les droits de la personne (Barthelemy, 2020)». C’est ainsi que toute transformation technologique amène son lot d’enjeux stratégiques mais dans notre course effrénée, il n’y a pas le temps d’y réfléchir.

Stratégie

Fondamentalement nous devons prendre en considération un ensemble de six dimensions. Et d’ailleurs limiter la réflexion aux aspects technologiques présente un enjeu stratégique: «…proposer un nouveau concept d'armes ne nécessite pas de s'appuyer sur le tremplin de la nouvelle technologie, elle exige juste une réflexion lucide et incisive. Cependant, ce n'est pas un point fort des Américains, esclaves de la technologie dans leurs réflexions » (Qiao & Xiangsui, 1999). Notre dépendance technologique est une faiblesse stratégique.

Or: «La quatrième révolution industrielle aura également un impact profond sur la nature de la sécurité nationale et internationale, affectant à la fois la probabilité et la nature des conflits. L'histoire de la guerre et de la sécurité internationale est l'histoire de l'innovation technologique, et aujourd'hui ne fait pas exception. Les conflits modernes impliquant des États sont de plus en plus «hybrides» par nature, combinant les techniques traditionnelles du champ de bataille avec des éléments auparavant associés à des acteurs non étatiques… La distinction entre guerre et paix, combattant et non-combattant, voire même violence et non-violence (pensez cyberguerre) devient plutôt inconfortable et floue (Schwab, 2016)».

Et c’est ainsi que l’essence d’une réflexion stratégique eu égard aux technologies revient fondamentalement à une approche moins axée sur les principes de gestion industriels, ou même de l’ère informationnelle et doit désormais prendre un virage des plus e-intelligent. S’il est dorénavant possible exemple de concevoir des systèmes autonomes, où l’humain est exclu de la boucle de décision, il est néanmoins utopique de penser que nous avons trouvé la solution à nos maux par de simples algorithmes complexes. Ceci présuppose en effet que nous ayons le modèle complet et exhaustif de notre cerveau, ce qui est bien loin de la réalité et de nos avancées technologiques, même dans le domaine de l’intelligence artificielle. L’humain doit donc demeurer, sinon dans la boucle, au moins être au-dessus, et y exercer le jugement qu’il a développé intelligemment pendant des millions d’années. Prétendre autrement, que nous maîtrisons l’écosystème de Yellowstone exemple, reste un rêve, un idéal pour la science et la technologie que nous ne résoudrons pas si simplement.

Synergie

«À l'avenir, le talent, plus que le capital, représentera le facteur critique de production (Schwab, 2016)». Si: «L’intelligence artificielle est vouée à changer le monde du travail dans la prochaine décennie, surtout grâce à l’automatisation de tâches manuelles et répétitives (La Presse, 2019 Décembre 26)», c’est en fait la déconstruction de l’ère industrielle par l’ère informationnelle qui est en cours. Il ne s’agit pas d’une remise en question fondamentale du rôle de l’humain face au travail notamment, mais plutôt de la remise en question du rôle du travail dans la vie humaine. Si la machine technologique peut redéfinir ce rôle, il convient alors de réfléchir davantage e-intelligemment notre rapport à nous-mêmes et de changer de paradigme hyper-technologique. L’émancipation, quoique pour la grande majorité du monde demeurera un rêve pour longtemps, devient néanmoins un vecteur de changement, où l’humain redevient un être globalement mieux intégré et plus équilibré.

Une étude récente du McKinsey Global Institute (2020) a constaté que de communiquer et de collaborer grâce aux outils collaboratifs, contrairement aux courriels par exemple, peut augmenter la productivité des «travailleurs de la connaissance» de 20 à 25%. Il est en effet démontré que de considérer les six dimensions comme un tout ajoute une valeur (Dion, 2017). Ainsi: «Les ingénieurs, concepteurs et architectes combinent la conception informatique, la fabrication additive, l'ingénierie des matériaux et la biologie synthétique pour créer une symbiose entre les micro-organismes, nos corps, les produits que nous consommons et même les bâtiments que nous habitons (Schwab, 2016)». C’est en ce sens qu’il nous faut développer une synergie d’action à forte valeur ajoutée (Dion, 2020), en faisant le levier des six dimensions du schéma présenté précédemment, c’est-à-dire: Le contexte situationnel, la socioculture, la structure organisationnelle, le système global, la stratégie afin de créer un effet intégré de synergie qui favorise un équilibre plus pratique.

Au niveau de la défense globale: «Dans l’environnement plus contemporain, les progrès technologiques continuent à jouer un rôle déterminant dans l'art opérationnel de la guerre. L'art opérationnel «nécessite la capacité de visualiser les effets synergiques de toutes les capacités disponibles dans la réalisation de l'objectif stratégique Note 15». Dans cet esprit, le changement technologique ne doit pas être pris isolément mais comme une composante d'un concept plus dynamique et englobant (Ward, 2001, 4)», tel que l’idée de la synergie.

Synthèse

En somme, notre contre-argument à la notion que la technologie «peut sauver le monde» s’avère philosophique: L’approche intégrée fait non seulement sens, elle est essentielle (Rasmussen, 2010). Quoiqu’il soit préférable de voir le verre moitié plein, plutôt que moitié vide, il nous faut cependant demeurer conscient que le verre d’une perspective pragmatique, est à la moitié. C’est inévitable désormais, la technologie joue un rôle de première importance dans notre développement et ce, de plus en plus à l’échelle globale et planétaire. Or, la crise pandémique suscitée par la COVID-19 aurait pu se présenter comme une opportunité pour ralentir la cadence, question de réfléchir collectivement à la direction continue et future de notre évolution et à notre modus vivendi. Mais au lieu de cela, la technologie s’est présentée comme une occasion d’affaire pour maintenir tant bien que mal notre mode de vie occidental, même à un rythme ralenti. Les plateformes numériques et infonuagiques ont ainsi fait la manne du corporatisme. Au lieu de se (re)-questionner sur l’équilibre e-intelligent fondamental qui doit exister, collectivement nous avons misé sur la reprise après la crise, plutôt que sur un changement plus e-intelligent.

«Depuis une centaine d’années la technologie a suscité beaucoup de discussions, certains y voyant une menace à la liberté individuelle, d’autres l’accusant d’être à l’origine de l'accroissement spectaculaire de la pollution à l'échelle planétaire; quelques-uns, enfin, misant sur elle pour mieux organiser l'activité humaine et relever les défis de l’avenir (Cavalier Bleu, 2020)». C’est selon nous dans une perspective mieux intégrée que nous devons voir la technologie, c-à-d où la situation, la société, la structure, le système et la stratégie forment donc la synergie. C’est dans un équilibre e-intelligent que nous saurons mieux vivre avec les technologies, faire le levier d’opportunités pour conter les menaces.

En elle-même, la vie est l’expression la plus naturelle de cet équilibre synergique délicat et bien que nous comprenions sa reproduction, entre autres grâce à la technologie, nous sommes encore loin de pouvoir la reproduire, présentant des enjeux de sécurité humaine. Sommes-nous prêts à accepter le clonage d’humains par exemple, ou à risquer la planète pour aller soi-disant conquérir l’espace alors que nous n’arrivons pas à tous nous nourrir? Or, la technologie se présente donc comme un «couteau à deux tranchants», dont le mode d’emploi relève de nous: C’est l’e-Intelligence qui est la clé de la bataille technologique, une bataille où fondamentalement l’humain est confronté à lui-même et à ses semblables.

Références

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Barthelemy, L. (2020), «Technologie: cinq enjeux pour 2020», La Presse, 2 janvier: https://www.lapresse.ca/affaires/techno/2020-01-02/technologie-cinq-enjeux-pour-2020

Canada. (2016). Principes fondamentaux de cybersécurité à l'intention du milieu des infrastructures essentielles du Canada: https://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/2016-fndmntls-cybr-scrty-cmmnty/index-fr.aspx

Cavalier Bleu (2020): https://www.cmrsj-rmcsj.forces.gc.ca/cb-bk/ac-cp/ac-cp-fra.asp

Ceyhan, A. (2006), «Technologie et sécurité: une gouvernance libérale en contexte d’incertitudes», Cultures & Conflits, vol. 64, p. 11-32: https://journals.openedition.org/conflits/pdf/2173

David, C-P. & Schmitt, O. (2020). La guerre et la paix : approches et enjeux de la sécurité et de la stratégie, 4e édition, Presses de Sciences Po.

Deluzarche, C. (2020, Avril 3). Les 10 technologies de 2020 qui vont changer le monde. Futura Sciences. https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/magazine-science-10-technologies-2020-vont-changer-monde-6166/

Dion, E. (2012). “e-Security; Interagency Cooperation in 21st Century Challenges”, Institut de la Conférence des Associations de la Défense, Revue On Track, 11(2), 26-28. http://cdainstitute.ca/wp-content/uploads/2012/06/ontrack11n2.pdf

Dion, E. (2017). Synergy: A theoretical model of Canada’s comprehensive approach, iUniverse. www.synergybook.ca

Dion, E. (2020). Six dimensions pour une « Synergie d’action », l’Ordre des Administrateurs Agréés du Québec (OAAQ), Hiver. https://www.adma.qc.ca/outils-du-gestionnaire/gestion/gestion/six-dimensions-pour-une-synergie-daction/

Dion, E. (2020). Balado 13 – Le concept de synergie, enregistré par l’Ordre des Administrateurs Agréés du Québec (OAAQ), Février: https://soundcloud.com/ordre-des-adma/s02e13-le-concept-de-synergie

ElmapelkiPermaLab (2014, février 20). Comment les loups changent les rivières [YOUTUBE] https://youtu.be/MKtctwlkKTw

Georgieva, K. (2018, Juin 27). La technologie peut améliorer la situation des pauvres, à condition d’accompagner cette révolution: https://blogs.worldbank.org/fr/voices/la-technologie-peut-ameliorer-la-situation-des-pauvres-a-condition-d-accompagner-cette-revolution

La Presse (2019, Décembre 26). 5 tendances technos à surveiller en 2020. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1448763/technologie-tendances-trends-2020-voiture-autonome-intelligence-artificielle-telephone-pliable

Mast, B. (2017, Septembre 15). New kind of artificial skin helps robots have “a sense of touch”. Lighthouse News Daily. https://www.lighthousenewsdaily.com/new-kind-artificial-skin-touch/

Qiao, L & Wang, X. (1999). Unrestricted Warfare: Thoughts on War and Strategy in a Global Era, China People’s Liberation Army Arts Publishers. https://www.c4i.org/unrestricted.pdf

Rasmussen, A. (2010). Le nouveau concept stratégique : un engagement actif, une défense moderne. Discours: German Marshall Fund. https://www.nato.int/cps/fr/natohq/opinions_66727.htm

Schwab, K. (2016). The Fourth Industrial Revolution: what it means, how to respond, World Economic Forum: https://www.weforum.org/agenda/2016/01/the-fourth-industrial-revolution-what-it-means-and-how-to-respond/

SIPRI – Stockholm International Peace Research Institute (2020). Emerging military and security technologies. https://www.sipri.org/research/armament-and-disarmament/emerging-military-and-security-technologies

Ward, G.D. (2001). 21st century technology: Achilles’ heel of military commanders!, Collège des Forces Canadiennes. https://www.cfc.forces.gc.ca/259/260/264/ward.pdf

 
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